
Christophe QUINIOU
Conseiller municipal de Meyzieu
Conseiller métropolitain
Monsieur le Président, chers collègues, la convention de maîtrise d’ouvrage unique qui est présentée dans ce rapport est l’aboutissement d’un long travail partenarial qui a permis la rénovation urbaine du quartier du Mathiolan. On peut, certes, regretter le retard pris dans les opérations conduites par le Grand Lyon. Les nouveaux habitants et les commerçants de l’immeuble construit par Marignan ont tout de même eu les pieds dans la boue pendant plus de deux ans.
Mais cette convention montre la capacité que peuvent avoir les collectivités locales (Villes, Grand Lyon, Région) et les bailleurs à mener une opération de renouvellement urbain sans l’aide de l’Etat. Sans l’aide de l’Etat car, dans ce projet du Mathiolan, il n’y a pas eu de démolition, méthode incontournable du renouvellement urbain pour bénéficier du financement du dispositif ANRU. Sans démolition, le renouvellement s’est donc concentré sur la diversification de l’offre d’habitat grâce à la construction de nouveaux programmes de logements, la réhabilitation du parc ancien, l’agrandissement et l’implantation d’équipements publics, le désenclavement par la réalisation de voiries et la construction d’espaces publics.
Ainsi, à l’heure où l’Etat se retire des quartiers en politique de la ville et réduit le nombre de quartiers en renouvellement urbain, passant notamment de 397 à 200, cette opération est symbolique de ce que peut faire la Métropole de Lyon en investissant avec ses partenaires locaux. Continuerons-nous demain ces efforts ?
A défaut d’ANRU, la Région Rhône-Alpes a également largement financé cette opération, à plus de 635 000 €. Quel devenir de l’intervention de la Région dans les quartiers en difficulté de l’agglomération ? Alors que l’Etat annonçait une nouvelle cartographie d’intervention et que la réforme territoriale entre en œuvre pour la Métropole et va prochainement modifier la carte et les compétences de la Région, il apparaît urgent d’interpeller le Conseil régional pour être en capacité de mettre en œuvre les nouveaux contrats de ville au 1 er janvier 2015.
Si un certain nombre de quartiers sortent du dispositif, cela n’empêchera pas le maintien d’accompagnements spécifiques dans le cadre des territoires de veille où, malgré une politique de renouvellement urbain construite à l’échelle de l’aire urbaine, la proximité des Maires reste essentielle de par la connaissance réelle du terrain, rôle qu’il convient de valoriser dans la construction métropolitaine.
Notre groupe souhaite également faire entendre son très fort intérêt pour une rationalisation des efforts portés sur la politique de la ville et comprend la nécessité de la simplification des multiples dispositifs en vigueur, même si un simple critère “revenu des ménages” peut présenter des limites.
Le projet de rénovation urbaine du Mathiolan avance. Il se fait dans un périmètre cohérent car réfléchi. Or, le nouveau zonage de l’Etat, avec son critère mathématique, ne prend pas en compte cette vision d’ensemble intégrant l’ensemble du parc social ancien et des logements nouvellement construits, les espaces publics et équipements publics créés sur le quartier.
Comment faire de la mixité sociale sans lieu de rencontre, de brassage ?
Comment avoir une action d’envergure avec un zonage si restrictif qu’il en devient exclusif ?
Comment peut-on mettre de côté une résidence et donc un bailleur, en l’occurrence l’OPAC du Rhône et la résidence Georges Braque qui se sont impliqués dans le projet de rénovation urbaine du quartier ?
A l’heure de la Métropole et avec une urbanité croissante, nos politiques doivent plus que jamais s’organiser sur le long terme pour mettre en place, dès à présent, les solutions et les adaptations d’un vivre ensemble durable. Et, pour reprendre les propos de monsieur le Préfet Carenco, ce mardi lors de la rencontre territoriale -je le cite- : “Nous ne pouvons pas échouer car, si nous échouons dans la nouvelle politique de la ville, il y aura un risque à voir se mettre en place, dans certains quartiers, un ordre mi-religieux, mi-cocaïnaire.”
Nous voterons favorablement ce rapport.
Je vous remercie.